Universidade Laval

Colóquio Internacional Estratégias anti-gnósticas nos escritos de Plotino

Descrição e organização

A equipe do professor Jean-Marc Narbonne da Universidade de Laval, responsável pela nova edição e tradução da obra de Plotino para a coleção Les Belles Lettres a Paris, organiza na Unifesp, São Paulo, entre os dias 19-20 março de 2012 um congresso sobre a polêmica antignóstica nos escritos de Plotino.

A pesquisa plotiniana nos últimos anos contribuiu para mostrar que a oposição de Plotino aos gnósticos ocupa um lugar muito mais importante que outrora se imaginava. De um lado, os escritos gnósticos testemunham uma força especulativa e uma inventividade muito maior do que se supunha. Muitos enunciados cuja originalidade é atribuída a Plotino possuem uma história anterior ao próprio corpo dos escritos gnósticos e herméticos. De outro lado, a resposta de Plotino aos gnósticos não está limitada ao pseudo Grosschrifit, construído pelos tratados 30-33, como se Plotino tivesse liquidado de uma vez por todas o « problema » gnóstico e tivesse passado a uma outra etapa. De fato, é propriamente ao longo de sua carreira intelectual que se confrontou com e que reagiu às teses gnósticas. O presente colóquio tentará iluminar as diferentes estratégias empregadas por Plotino, em diferentes etapas de sua trajetória, para responder e tomar distância com relação à gnose. Dessa forma, as conferências abordarão os tratados do ciclo anti-gnóstico (30-33), mas igualmente identificando tais elementos nos tratados psicológicos (22-28) e da primeira fase (1-7). Nesse sentido, a hipótese a ser investigada é a da substituição da ideia de um Grosschrifit pela de um Grosszyklus, que, a princípio, compreenderia o conjunto de tratados da fase intermediária dos escritos plotinianos, abrangendo diversas estratégias críticas. Tal hipótese será contemplada pelos diversos aspectos das exposições dos conferencistas.

Programa

Dia 19 de março

10:00h : Abertura.

10:30h – 11:30h : Jean-Marc Narbonne, Université Laval (Québec) : La thèse plotinienne selon laquelle toutes les âmes sont une : un argument possible contres les gnostiques?

14:30h – 15:30h : Kevin Corrigan, Emory University (Atlanta) : Plotinus and the Gnostics: the particular impact of the Tripartite Tractate and later works.

15 : 30h – 16 :00h : Coffee break.

16 : 30h – 17 : 30h : Zeke Mazur, Institut d’Études Anciennes (Univ. Laval) : Traces of the competition between the Platonizing Sethian Gnostics and Plotinus’ circle over the interpretation of Plato, part I : The case of Zostrianus, pp. 44-46.

Dia 20 de março

9:00h-10:00h : Mauricio Pagotto Marsola : Sur la hamartía (II 9 [33], 9 e I 2 [19], 6, 2-3).

10:00h : Coffee break.

10:30h -11:30h : Lorenzo Ferroni, Unifesp (pós-doc): Le traité 30 [III.8] de Plotin e la gnose:

une réflexion textuelle.

15: 00h-16 :00h : Andrei Cornea, Universidade de Bucarest : Figures de la Nature avant-, dans- et

après le Traité 30 (III.8) de Plotin.

16:00h -16 :30h – Coffee break.

16:30 – 17:30h : Daniela Patrizia Taormina, Università degli studi di Roma II « Tor Vergata » :  Il Demiurgo «memorioso » dello gnostico immemore. Plotino critico degli gnostici nel trattato 33 (II 9) 12 e 16.

18:00h : Encerramento.

Contato

Jean-Marc Narbonne

(Texto dos organizadores)

Link

https://iicsanpaolo.esteri.it/iic_sanpaolo/pt/gli_eventi/calendario/colloquio-internazionale-strategia-antignostica-negli-scritti-di-plotino.html

Le contexte gnostique du premier écrit de de Plotin,

Traité 1  [I, 6], Sur la Beauté

 Zeke MAZUR

Présentation

Parmi les écrits de Plotin, les traces de sa rencontre avec les gnostiques ne sont pas limitées au contexte explicitement polémique du Großschrift, mais elle commence à être perceptible dès sa première œuvre (le traité 1 [I,6], Peri tou kalou). Dans ce traité, Plotin emprunt tacitement plusieurs concepts et images gnostiques d’une manière assez positive, au même temps qu’il essaie de distinguer nettement sa propre position vis–à–vis celle des gnostiques. Néanmoins, le contexte essentiellement gnostique du traité reste entièrement sous–textuelle, voilé sous une épaisse couche de langage qui paraît, au moins à première vue, purement ‘hellénique’ et platonicien, tiré surtout du Banquet et du Phèdre : une dissimulation plotinienne qui résulte peut–être d’un curieux embarras à l’égard de ses anciens amis gnostiques (33 [II,9].10.3–5). Cet aperçu supporte l’hypothèse que la relation entre la pensée gnostique et celle de Plotin–– même dans sa jeunesse–– était plus étroite qu’on pensait auparavant, et certainement plus étroite qu’il aurait admis lui–même.

Quelques indications, parmi d’autres, du contexte gnostique du traité :

[a] L’argument principal du traité. Cet argument–– que la beauté constitue un lien inexorable, naturel, et dynamique entre les objets sensibles d’en bas et leurs Formes intelligibles d’en haut, une position qui revalorise la divinité et permanence du cosmos et qui, suivant le Banquet, fournit une moyenne d’ascension au Premier principe–– vise la position typiquement gnostique d’une séparation totale entre les niveaux de la hiérarchie ontologique et spirituelle, et attaque le soupçon gnostique de la beauté terrestre comme produit inférieure et seulement ‘mimétique,’ sans vrai lien avec le divin. Plotin reprend plusieurs éléments du même argument à l’égard de la beauté plus tard dans le Großschrift (par exemple, à 31 [V,8] 1–3 et 33 [II,9] 16) dans un contexte explicitement antignostique.

[b] Une des seules mentions explicites par Plotin de la triade noétique–– connue aussi par les séthiens platonisants–– avant le Grosßschrift. Il est significatif que l’on trouve (à 1 [I,6] 7.11–12) les trois éléments de la célèbre triade ensemble, déjà cristallisée en formule, mais dans ses deux ordres possibles (…καὶ ἔστι καὶ ζῇ καὶ νοεῖ· ζωῆς γὰρ αἴτιος καὶ νοῦ καὶ τοῦ εἶναι). La seconde triade (“de la Vie et l’Intellect et de l’Être”) suit (en ascendant) l’ordre des hypostases (Être–Intellect–Vie), mais le premier (“…et existe et vie et pense”) suit (en descendant) l’ordre des principes inter–hypostatiques (Intellect–Vie–Être) qui répresente le trajét par lequel l’aspirant essaie de surmonter l’Intellect pour arriver à la vision ultime du Premier principe (voir, par example, L’Allogène 60–61). On peut donc constater qu’il n’y a pas de développement progressif de la triade au long de l’œuvre de Plotin (et non plus que ce soit une invention porphyrienne), car on la trouve dans une forme presque formulaire–– et, comme chez les séthiens, dans un contexte contemplatif ou visionnaire–– dès son premier écrit. Cela suggère en plus qu’elle était déjà connue comme formule avant que Plotin ait commencé à écrire (et supporte l’hypothèse de Turner que les platoniciens l’ont emprunté des séthiens et non l’envers).

[c] L’emploie (ch. 9) de l’image de la vision intérieure du ‘Soi transcendent’ au moment pénultième de l’ascension visionnaire vers l’union avec l’Un. Cet image–– la vision éblouissante de soi–même comme eikôn de la divinité–– provient des gnostiques (comme j’ai essayé de montrer dans ma thèse doctorale), et il se répète plusieurs fois à travers l’œuvre de Plotin : par exemple, à 6 [IV,8] 1.1–11; 9 [VI,9] 9.46–60, 11.35–45; 31 [V,8] 11.1–19; 32 [V,5] 7.31–8.23. On le trouve déjà cristallisé ici dans son premier écrit.

[d] Le curieux reniement (à 1 [I,6] 9.24) du besoin d’un “guide” (deiknus) au moment où l’on est devenu “l’oeil qui voit le grand Beauté.” Ceci répond directement aux séthiens (par exemple Zostrien 46.27–31) qui imagine que les dernières étapes de l’ascension s’effectuent avec un “assistant” (boêthos) ou guide angélique (qui pourrait être aussi bien imaginé comme un principe ou tupos du Divin à l’intérieur de soi–même).

[e] Enfin, “l’œil” lui–même (1 [I,6].9.25) est un topos séthien (voir, par exemple, Zostrien 13.4–6, 30.4–6, Proténnoia Trimorphe 38.5, etc.), chez qui il représente une faculté intérieure–– parfois assimilé au archétype de l’humanité, l’Adam spirituel, appelé “Pigeradama[s]”–– qui préserve une étincelle de la lumière du premier moment onto–génétique, le moment où le deuxième principe se déploie comme l’auto–réflexion du Premier qui s’aperçoit dans sa propre eau lumineuse. Chez les gnostiques comme chez Plotin, seule ce morceau de la vision primordiale au noyau des humains nous permet d’obtenir la vision ou assimilation ultime (par exemple, voir L’Allogène 64.30–36: “Il [l’aspirant] était aveugle sans l’Œil de la Manifestion, qui est stable, celui qui provient de l’activité du Triple Puissant de la Première Manifestation de l’Ésprit Invisible”.

(Texte fourni par l’auteur)

Plotinus in Dialogue with the Gnostics

Jean-Marc Narbonne, Leyde: Brill, 2011

Description

The point of view put forth in the following pages differs greatly from the common perspective according to which the treatises 30 to 33 constitute a single work, a Grossschrift, and this single work, Plotinus essential response to the Gnostics. Our perspective is that of an ongoing discussions with his Gnostic yet Platonizing friends, which started early in his writings (at least treatise 6), developed into what we could call a Grosszyklus (treatises 27 to 39), and went on in later treatises as well (e. g. 47-48, 51). The prospect of an ongoing discussion with the Gnostics bears an additional virtue, that of allowing for a truly dynamic understanding of the Plotinian corpus.

(Text from the publisher)

Table of contents

Preliminary Material

Introduction

Study One.The Controversy over the Generation of Matter in Plotinus:The Riddle Resolved?

Study Two.The Riddle of the Partly Undescendend Soul in Plotinus: The Gnostic/Hermetic Path of the ὁμοούσιος

Study Three. A Doctrinal Evolution in Plotinus? The Weakness of the Soul in Its Relation to Evil

Study Four. A New Sign of the Impact of the Quarrel against the Gnostics on Plotinus’Thought: Two Modes of Reascent in  (VI ) and  (VI )

Study Five. A New Type of Causality: Plotinian Contemplative Demiurgy

Study Six. New Reflections on God as CAUSA SUI in Plotinus and Its Possible Gnostic Sources

Works Consulted

Index Nominum

Link

https://brill.com/view/title/19996

LEM/EPHE

Plotin et les Gnostiques 

Par-delà la tétralogie antignostique

Description et organisation

Colloque international financé par l’École Pratique des Hautes Études et l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Paris, et tenu le Jeudi 8 décembre 2011 à l’Institut européen en sciences des religions, 14, rue Ernest Cresson, 75014 Paris, et le Vendredi 9 décembre 2011 à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Bâtiment F salle de conférences 352, Station RER A Nanterre-Université.

Comité d’organisation : Philippe Hoffmann (École Pratique des Hautes Études), Jean-François Balaudé (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Luciana Gabriela Soares Santoprete (LabEx HASTEC/CNRS-Centre Jean Pépin) et Anna Van den Kerchove (École Pratique des Hautes Études – LEM)

Programme

Jeudi 8 décembre

Matinée sous la présidence de Dominic O’Meara

8 h 45 – Accueil des participants

9 h 00 – Ouverture du colloque par Hubert Bost, doyen de la Section des sciences religieuses de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE)

9 h 15 – Présentation du colloque par Jean-François Balaudé

9 h 30 – Hervé Inglebert (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) :
« Le milieu intellectuel romain au iiie siècle »

10 h 00 – Anne-Lise Worms (Université de Rouen) :
« Le Traité 1 : traces gnostiques et antignostiques »

10 h 30 – Zeke Mazur (Université Laval) :
« Le contexte gnostique du premier écrit de Plotin, Traité 1, Sur le Beau »

Discussion – Pause

11 h 30 – Jean-François Balaudé (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) :
« La polémique antignostique et la question de la descente de l’âme dans le Traité 6 »

12 h 00 – Jean-Daniel Dubois (LEM-EPHE) :
« La descente et la chute des âmes dans différents textes gnostiques »

Discussion – Pause déjeuner

Après-midi sous la présidence de Jean-François Balaudé

15 h 00 – Philippe Hoff mann (LEM-EPHE) :
« Les questions cosmologiques des Traités 10, 40 et 45 et le débat antignostique »

15 h 30 – Mariano Troiano (LEM-EPHE) :
« Créations et façonnages : le Démiurge gnostique et l’origine du Monde »
Discussion

16 h 15 – Daniel Regnier (Saint Th omas More College à Saskatoon, Saskatchewan) :
« L’impassibilité, l’unité et la puissance démiurgique de l’âme : la psychologie plotinienne
dans les Traités 26 et 27 sur l’arrière-plan du gnosticisme »

16 h 45 – Stéphane Toulouse (ENS-Paris) :
« Y a-t-il un paramètre antignostique dans la doctrine plotinienne de l’âme ? Le cas des
Traités 28 et 29 de Plotin »

Discussion – Pause

17 h 45 – Euree Song (Université de Séoul) :
« En défense du Maître de la Providence : la controverse antignostique de Plotin dans les
Traités 47 et 48 »

18 h 15 – Einar Thomassen (Université de Bergen) : « La Providence dans les écrits gnostiques »

Discussion

Vendredi 9 décembre

Matinée sous la présidence de Michel Tardieu

9 h 00 – Bertrand Ham (Université catholique d’Angers) :
« La connaissance de soi dans le Traité 49 et ses éventuels aspects antignostiques »

9 h 30 – Anna Van den Kerchove (LEM-EPHE) :
« La connaissance de soi dans quelques traités gnostiques »

Discussion

10 h 30 – Tatjana Aleknienė (Lietuvos edukologijos universitetas, Vilnius) :
« Les traces de la polémique antignostique dans le Traité 51 de Plotin »

11 h 00 – Andrei Timotin (Académie roumaine/LEM- EPHE) :
« Le Traité 52 de Plotin. Critique de l’astrologie et polémique antignostique »

11 h 30 – Michel Tardieu (Collège de France) : réponse à Andrei Timotin

Discussion – Pause déjeuner

Après-midi sous la présidence de Einar Th omassen

14 h 30 – Wiebke-Marie Stock (Martin Buber Society of Fellows/Hebrew University of
Jerusalem) :
« Ce que nous sommes. Y a-t-il des motifs antignostiques dans le Traité 53 ? »

15 h 00 – Luciana Gabriela Soares Santoprete (LabEx HASTEC/CNRS-Centre Jean Pépin) :
« Philosophie et gnosticisme : base de données et répertoire bibliographique »
Discussion –

Pause

16 h 30 – Mauro Bonazzi (Università degli Studi di Milano) :
« Pouvons-nous encore penser le gnosticisme dans le cadre d’un ‘Platonic Underworld’ ? »

17 h 00 – Jean Bouff artigue (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) :
« Porphyre et le gnosticisme »

Discussion

18 h 00 – Conclusions par Michel Tardieu (Collège de France)

Contact

Philippe Hoff mann (École Pratique des Hautes Études) Jean-François Balaudé (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Luciana Gabriela Soares Santoprete (LabEx HASTEC/CNRS-Centre Jean Pépin) Anna Van den Kerchove (École Pratique des Hautes Études-LEM)

(Texte des organisateurs)

Lien

https://www.actu-philosophia.com/plotin-et-les-gnostiques-par-dela-la-tetralogie/?pdf=342

« Plotin contra Zostrien : à la recherche des traces

du dialogue avec les Gnostiques dans les Traités 22 et 23 [VI.4 et VI.5] ».

Zeke Mazur

Présentation

Dès le premier traité que Plotin écrit après l’arrivée de Porphyre (vers l’an 263), on peut discerner de nombreuses empreintes de sa rencontre avec les écrits séthiens qui circulaient dans son école. Le grand traité 22-23 (divisé en deux par Porphyre) vise des interlocuteurs non–identifiés qui proposent plusieurs divisions hiérarchiques dans la réalité métaphysique. Selon Plotin, ces divisions risquent d’endommager l’unité de l’Être, de séparer de manière trop rigide le divin du monde, et–– ce qui est encore pire–– de scinder l’âme particulière de sa source dans le Tout intelligible (un argument qu’il reprendra plus tard dans le Großschrift). On aperçoit que Plotin répond ici à des idées gnostiques que l’on trouve surtout chez Zostrien (NHC VIII,1), et l’on peut même reconnaître quelques échos des passages zostriens. Par exemple, il y a une parallèle frappante entre 23 [VI.5] 12 et Zost. 44–46, qui semble être une exégèse gnostique de la doctrine de la chute de l’âme chez Platon, Phèdre 247–250 (une péricope à laquelle on trouve aussi une réponse étendue dans Porphyre, Sententiae 40). Il est bien connu que Zostrien fut la cible d’un énorme œuvre de réfutation de la part d’Amélius ; il n’est donc pas surprenant que l’on trouve quelques traces d’un tel débat chez le maître lui-même. Mais la réponse de Plotin dans 22-23 paraît curieusement concessive (en contraste, par exemple, avec le ton irascible du Traité 33 [II, 9]) ; et, en outre, Plotin s’y approprie de plusieurs images et concepts gnostiques pour ses propres arguments. Cette étude nous permettra de préciser non seulement l’attitude subtile de Plotin par rapport à la métaphysique gnostique (et la sotériologie sur laquelle elle dépend), mais aussi sa méthode critique face aux textes gnostiques dans la période avant la cristallisation de son anti-gnosticisme.

(Texte fourni par l’auteur)

Les sources gnostiques de l’épistémologie transcendantale 

dans le commentaire anonyme sur le Parménide

 Zeke Mazur

Présentation

« …. Grâce à cet exercice, il pourra t’arriver un jour, si tu te détournes aussi de la pensée des choses qui ont été constitués par lui, de t’arrêter à la prénotion indicible que nous pouvons avoir de lui, qui le représente par le silence, sans même qu’elle sache qu’elle se tait, sans qu’elle ait conscience du fait qu’elle le reflète, en un mot sans qu’elle sache absolument quoi que ce soit, elle qui est seulement image de l’Indicible, parce qu’elle est l’Indicible d’une manière indicible, et non pas en tant qu’elle connaîtrait l’Indicible, si tu peux comprendre au moins d’une façon imaginative, la manière dont je peux le dire. […]. »

Le passage décrivant l’appréhension du Premier principe dans l’Anonyme de Turin, p. 2, fol. 91v, lignes 14–31–– surtout la phrase étendue στῆναι ἐπὶ τὴν αὐτοῦ ἄρρητον προ{σ}έννοιαν τὴν ἐνεικονιζομένην αὐτὸν διὰ σιγῆς… ἀλλ’ οὐχ ὡς γιγνώσκουσαν et seq.–– emploie plusieurs concepts que l’on trouve largement diffusés dans les sources gnostiques.

Pour en donner quelques exemples parmi d’autres: [a] la stasis transcendantale; [b] le néologisme pro<t>ennoia dénotant la première émanation pre–noétique, qui existe [c] en étroite relation avec la Silence; [d] la saisie de l’inconnaissable par “l’inconnaissance” mystique; et [e] l’assimilation contemplative au Premier principe par la moyen d’une eikôn dans l’âme, cet eikôn étant une intermédiaire qui réplique l’étape moyenne du déploiement primordiale du Deuxième principe par l’auto–réflexion du Premier. D’abord on peut constater que quelques éléments de cette épistémologie transcendantale ont des parallèles chez Plotin dans le contexte antignostique du Großschrift (par exemple, dans le traité 31 [V.8]), mais aussi dès la première période de sa production (dans les traités 1 [I.6] et 9 [VI.9]). Il est donc significatif que les témoins gnostiques à ces concepts–– concepts, d’ailleurs, en dehors de la célèbre triade noétique bien connue par les séthiens platonisants–– consistent non seulement des textes séthiens probablement connus par Plotin et son entourage–– comme l’Allogène (NHC XI,3) et Zostrien (NHC VIII,1)––  mais dont la chronologie est néanmoins sujet à controverse, mais aussi des sources plus ou moins certainement preplotiniens–– comme, par exemple, le compte rendu d’Hippolyte sur l’Apophasis megalê simonien (Refutatio omnium haeresium VI.12–18), le Protennoia trimorphe (NHC XIII,1), et l’Évangile des égyptiens (NHC III,2 et IV,2)–– où l’usage des termes techniques et des schémas analogues correspond étroitement avec la métaphysique gnostique. Cette constatation nous exigera de remettre en cause la date et la paternité de l’Anonyme aussi bien que sa situation par rapport à Plotin et Porphyre de l’un côté et les séthiens platonisants de l’autre.

(Texte fourni par l’auteur)