Université de Poitiers

Homère et les philosophes

 

Description et organisation

APPEL À COMMUNICATION

Le laboratoire « Métaphysique allemande et philosophie pratique » (MAPP) de l’université de Poitiers organise un colloque international consacré à la réception des œuvres d’Homère et aux usages des thèmes homériques dans l’histoire de la philosophie. Ce colloque, intitulé « Homère et les philosophes », souhaite s’intéresser à la manière dont les philosophes se sont appropriés l’œuvre d’Homère, aussi bien dans l’Antiquité que durant la période moderne et contemporaine. Il s’agira de comprendre comment cette œuvre a pu nourrir la réflexion philosophique mais aussi comment elle peut encore continuer à l’inspirer. Le colloque se déroulera à Poitiers les 20, 21 et 22 mars 2019.

ARGUMENTAIRE

Les philosophes ont toujours été intéressés par les textes homériques ainsi que par le personnage même d’Homère. Les Anciens se sont ainsi interrogés dès l’origine sur la portée de ces textes, et sur l’usage qui pouvait en être fait. Mais ils ont voulu en dégager le sens en suivant des stratégies de lecture différentes. Certains ont cherché à distinguer (dans ces textes comme dans les mythes de manière plus générale) les faits qui semblent véridiques de ceux qui paraissent invraisemblables (c’est l’orientation adoptée par de nombreux historiens comme Polybe, Diodore de Sicile, Strabon ou Pausanias). Tout en se voyant reconnaître une part de vérité, les récits étaient ainsi épurés de leur contenu fictif. D’autres ont essayé de proposer une lecture allégorique des textes homériques, en cherchant un sens caché derrière leur apparence irrationnelle ou même révoltante. Pour ces auteurs, les puissances divines symbolisaient alors des éléments, certains personnages figuraient des organes du corps humain, des fonctions physiologiques, ou même des vertus. Dans des commentaires philosophiques comme ceux des néoplatoniciens, ces puissances et ces personnages sont considérés comme des représentations de réalités intelligibles (comme c’est le cas chez Porphyre, par exemple, dans L’Antre des nymphes, ou encore chez Proclus).

D’un côté, les textes d’Homère font donc l’objet de critiques, plus ou moins sévères, à l’égard de leur valeur de vérité ou de leur portée éthique. Mais d’un autre côté, ils font l’objet d’un usage original et d’une réappropriation à l’intérieur d’une réflexion plus générale. Cette ambivalence traverse toute l’histoire de la réflexion sur les textes homériques : faut-il se défier de leur contenu, faut-il refuser d’en faire un modèle éthique ou esthétique, ou bien peut-on y puiser les éléments d’une vision du monde que le philosophe appelle de ses vœux ? C’est bien un tel débat que l’on retrouve au XVIIème et au XVIIIème siècles en Europe lorsque se pose notamment la question de la valeur esthétique et exemplaire des œuvres d’Homère (il suffit de rappeler ici la fameuse querelle d’Homère qui oppose en France Madame Dacier à Antoine Houdar de la Motte). Bien entendu, la philosophie prend toute sa part dans ce débat, comme en témoignent les interventions de Voltaire dans l’Essai sur la poésie épique ou de Rousseau dans l’Essai sur l’origine des langues. Mais sa place est tout aussi décisive dans un autre débat qui surgit cette fois au tournant du XVIIIème et du XIXème siècles. La science philologique naissante fait alors d’Homère un enjeu essentiel pour tester ses méthodes et ses théories. Et l’on sait combien les auteurs allemands, Nietzsche en particulier, se montrent intéressés et critiques à la fois envers ces dernières.

L’objet de ce colloque est donc d’étudier ces différentes lectures que les textes homériques ont suscitées au sein de l’histoire de la philosophie. Cette question a rarement été traitée. Les travaux sur la réception d’Homère ont plutôt relevé, jusqu’ici, du champ des études littéraires ou artistiques. Il s’agira donc de proposer une approche nouvelle, en s’interrogeant ici sur la réception d’Homère dans le domaine particulier de la philosophie, aussi bien ancienne que classique ou contemporaine, mais aussi de proposer le premier travail d’ensemble consacré aux rapports entre Homère et la philosophie.

Mais les lectures philosophiques, les usages et les interprétations d’Homère, posent à la philosophie une autre question : comment s’empare-t-elle de textes qui ne sont pas de nature philosophique pour nourrir sa propre démarche ? Par quelles voies la philosophie peut-elle se nourrir de ce qui n’est pas elle (et que signifie, pour elle, interpréter ces textes) ? Autrement dit, comment peut-on philosopher à partir d’Homère (et avec Homère) ? Ce colloque voudra donc chercher quelle philosophie peut encore surgir des textes homériques, et peut-être même dans quelle mesure Homère est philosophe.

 

Les propositions d’interventions devront se répartir selon les trois axes de recherche suivants :

1/ lectures anciennes d’Homère,

2/ lectures modernes et contemporaines,

3/ Homère philosophe ?

CALENDRIER

Les propositions de communication, comprises entre 400 et 500 mots, seront assorties d’un bref CV de leur auteur et devront être envoyées à sylvain.roux@univ-poitiers.fr, avant le 31 décembre 2018. Les réponses du comité scientifique seront communiquées le 1er février 2019.

Langues du colloque : français, anglais

Programme

Jeudi 21 mars 2019

9 h 30-12 h 15 : Homère dans la philosophie antique

9 h 00 : Accueil des participants et ouverture du colloque

9 h 30-10 h 10 : David Bouvier (Université de Lausanne) : « Xénophane vs Homère : rupture ou continuité ? »

10 h 20-11 h 00 :  Sylvain Roux (Université de Poitiers) : « Ulysse et les tyrans. Sens d’une figure homérique chez Platon »

11 h 25-12 h 05 : Suzanne Husson (Université de Paris IV – Sorbonne) : « De l’éthique à la théologie. L’interprétation d’Homère d’Antisthène aux stoïciens »

14 h 30-17 h 35 : Homère dans l’Antiquité tardive

14 h-14 h 40 : Fabienne Jourdan (CNRS – Paris) : « Une exégèse de l’Antre des nymphes au service d’une interprétation du mythe d’Er — Numénius, fr. 30-35 des Places

14 h 50-15 h 30 : José María Zamora Calvo (Université Autonome de Madrid) : « L’âme et son eidôlon dans l’Hadès : deux lectures néoplatoniciennes divergentes ? »

15 h 55-16 h 35 : Philippe Hoffmann (EPHE – Paris) : « Proclus et Homère »

16 h 45-17 h 25 :  Sophie Van der Meeren (Université de Rennes 2) : « Poèmes homériques et centralité du nostos dans la Consolation de Philosophie de Boèce »

Vendredi 22 mars 2019

9 h 30-12 h 15 : Homère dans la philosophie moderne

9 h 30-10 h 10 : Sylvia Giocanti (Université de Toulouse – Jean Jaurès) : « La place d’Homère dans les Essais de Montaigne »

10 h 20-11 h 00 :  Adrian Mihai (University of Cambridge) : « “La découverte du vrai Homère” par Giambattista Vico ».

11 h 25-12 h 05 : Victor Béguin (Université de Poitiers) : « Situation d’Homère dans la philosophie hégélienne de l’art »

14 h 00-17 h 35 :  Homère dans la pensée allemande contemporaine

14 h-14 h 40 : Céline Denat (Université de Reims Champagne – Ardenne) : « La référence à Homère dans la philosophie de Nietzsche »

14 h 50-15 h 30 : Alain Petit (Université de Clermont Auvergne) : « Le monde homérique des dieux de Walter F. Otto »

15 h 55-16 h 35 : Fanny Valeyre (Sorbonne-Université) : « Alêtheia et origine. La présence d’Homère dans l’œuvre de Heidegger »

16 h 45 – 17 h 25 : Alexis Cukier (Université de Poitiers) : « Ulysse à l’école de Francfort. À propos de la lecture d’Homère dans La dialectique de la raison d’Adorno et Horkheimer »

Contact:

sylvain.roux@univ-poitiers.fr

(Texte des organisateurs)

Lienhttps://philo.labo.univ-poitiers.fr/colloque-international-homere-et-les-philosophes-21-et-22-mars-2019-organisation-sylvain-roux/

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